Mardi 3 septembre s’ouvre à Paris le « Grenelle des violences faites aux femmes ». En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-compagnon. Toutes les sept minutes, une autre subit un viol. Tous les ans, plus de 220 000 sont victimes de violences physiques et sexuelles. Au moment où s’ouvrent les débats, plusieurs associations et personnalités appellent à ne pas oublier les violences au sein des couples LGBT+ en co-signant la tribune que nous reproduisons ci-dessous :
« Notre premier rendez-vous s’était très bien passé. On a tout de suite accroché. On s’est revues une fois, deux fois, trois fois. On s’appelait tous les jours. On marchait dans la rue main dans la main, malgré les regards insistants, les injures parfois. Rapidement, on a décidé d’emménager ensemble.
Un soir, en rentrant du travail, on s’est disputées. Je ne me souviens même pas de la raison. Pour la première fois, elle a porté la main sur moi. Elle s’est excusée. Elle a promis de ne jamais recommencer. Elle a recommencé. Les coups ont commencé à pleuvoir.
J’ai fini par me rendre au commissariat, la boule au ventre, pour demander de l’aide et porter plainte contre elle. On m’a répondu qu’on ne déposait pas plainte pour « un crépage de chignon ». Ma plainte n’a pas été enregistrée.
Elle a continué. Elle m’a menacée. Le jour où j’ai essayé de partir, elle a frappé si fort que mon corps a cédé. Oui, je fais partie de ces femmes tuées par leur compagne. »
Ce témoignage, nous l’avons écrit pour celles qui ne sont plus là pour l’écrire.
Les violences conjugales n’épargnent personne. Au sein des couples LGBT+, elles sont encore un tabou. Parce que les campagnes de communication ne nous ont jamais visés jusqu’alors. Parce que les professionnels ne sont pas formés à nous accueillir. Parce que la vision du couple a trop longtemps été celle d’un homme et d’une femme.
Nous connaissons nous aussi ce fléau. Nos couples ne sont pas différents. Notre quotidien n’est pas différent. Seule l’est notre visibilité.
Alors que s’ouvre le Grenelle des violences conjugales, nous lançons un cri d’alerte à celles et ceux qui l’organisent et y participent.
Les politiques publiques ne doivent abandonner personne en chemin. Toutes les victimes doivent obtenir des réponses et être protégées. Quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.
Nos couples ne sont pas différents. Pourquoi votre réponse le serait-elle ?
Signataires
GayLib, Association des Parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), Association française des avocats LGBT+, Planning Familial, Flora Bolter, codirectrice de l’Observatoire LGBT+ (Fondation Jean Jaurès), Laurène Chesnel, déléguée Familles de l’Inter-LGBT
Cette tribune a été publiée en premier sur Komitid, le site d’information LGBT +