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1/12 Journée mondiale de lutte contre le sida


 

Comme tous les ans, Act Up-Paris organise la manifestation de la journée mondiale de lutte contre le sida. Samedi 1er décembre, rendez-vous à 17h place de la République. En 2018, pour la 30ème édition, le mot d’ordre mis en avant par les militants est « Discriminations + Répression = Contaminations ». Dans son appel à manifester (reproduit ci-dessous) Act Up-Paris dénonce l’attitude du gouvernement qui continue « d’entraver l’accès effectif à la prévention, au dépistage, aux soins et aux droits humains ».

Discriminations + Répression = Contaminations. L’État français fait le lit de l’épidémie de sida

Dans moins d’un an, la France accueillera la conférence de reconstitution du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette réunion capitale pour la continuité de la riposte contre le VIH/sida a été arrachée grâce à la pression de l’ensemble des organisations et mouvements d’activistEs. Quoiqu’il veuille présenter à cette occasion, le gouvernement français n’aura pourtant rien de réjouissant à partager, tant le bilan du début de mandat est consternant – tel est le constat que nous devons tirer à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le sida. Les orientations toujours plus néo-libérales, austéritaires et sécuritaires du gouvernement continuent d’entraver l’accès effectif à la prévention, au dépistage, aux soins et aux droits humains. Ces choix délibérément constituent des facteurs intrinsèques de contaminations :

  • Pour les migrantEs, qui sont les premièrEs cibles de ces politiques : elles représentaient en 2017 plus du tiers des découvertes de séropositivité et, parmi elles, près de la moitié se sont contaminées en France. Plutôt que de mettre en place un accueil dans des conditions dignes et humaines, l’Etat français préfère harceler, expulser, et renvoyer à la mort. L’OFII, désormais chargé de la procédure médicale d’évaluation des demandes de titres de séjour pour soins, s’illustre depuis par la multiplication d’avis négatifs pour des demandeurSEs séropositifVEs, les menaçant d’une expulsion vers un pays dans lequel ils ne pourront pas accéder aux traitements. Les « acquis » fragiles d’années de lutte contre le sida sont encore plus théoriques en Guyane ou à Mayotte, où les gouvernements successifs, outre l’enfermement et les expulsions, ont mis en place des politiques d’extraterritorialité et de préférence nationale qui sont la continuité d’une gestion coloniale et l’application directe du programme du FN.
  • Pour les travailleurEUSEs du sexe, qui font état d’une dégradation des conditions de vie dues à la pénalisation des clients. Cette politique les pousse à s’isoler, les rendant plus vulnérables et entravant la possibilité de négocier le préservatif, quand elles ne se font pas assassiner, comme Niukeli ou Vanessa Campos.
  • Pour les usagèrEs de drogues, dont l’accès à l’information et au matériel de prévention sont rendus difficiles par une des lois les plus répressives d’Europe. Alors que la démonstration de l’intérêt des politiques de dépénalisation et d’accompagnement sont une évidence de santé publique, l’Etat continue d’ignorer les bénéfices des ouvertures de salles de consommation à moindre risque, avec un accueil inconditionnel et sans jugement. Les responsables politiques réactionnaires en place menacent le financement d’autres dispositifs de réduction des risques, à l’instar des distributeurs de seringues, et refusent toute évolution vers la dépénalisation des produits psychoactifs.
  • Pour les détenuEs, que l’Etat continue de ne considérer que comme une statistique justifiant la poursuite des politiques racistes et classistes d’enfermement et de construction de nouvelles places de prisons ; plutôt que de garantir l’accès aux soins équivalent au droit commun, notamment pour les séropositifVEs, et à la prévention. Ceci passe par l’accès libre et anonyme à tous les dispositifs de prévention et de réduction des risques, qu’il s’agisse de sexualité, de consommation de produits ou de tatouage par exemple.
  • Pour touTEs cELLEux que les discriminations au quotidien, au travail, dans le milieu familial, dans le système éducatif et universitaire, y compris le sexisme et les LGBTIphobies, jusqu’aux violences physiques (dont les cas rapportés explosent), attisées par une mesquine indifférence du gouvernement et l’attention préméditée des médias sur des groupes réactionnaires, éloignent des soins. De plus, cette dynamique politico-médiatique les expose à des atteintes physiques, morales et entrave le consentement aux soins. C’est en particulier le cas pour les personnes trans et intersexes, toujours exposées à la psychiatrisation entretenue par des mairies et des tribunaux veules, et refusant délibérément l’autodétermination des personnes. Elles ont été et continuent d’être emmurées dans le silence depuis le début de l’épidémie, alors que la séroprévalence, en particulier chez les personnes trans migrantEs et/ou travailleurEUSEs du sexe, est considérable.

Les conséquences des politiques discriminatoires et répressives sur la dynamique de l’épidémie sont aussi implacables en France que partout ailleurs dans le monde. Elles attisent la dynamique de l’épidémie en Russie où plus de 20.000 personnes sont mortes du sida en 2017, ou aux Etats-Unis d’Amérique où à peine 60% des personnes séropositives ont accès aux traitements. Ces politiques menacent désormais directement plus de 700 000 personnes séropositifVEs au Brésil.

Pour ne plus faire de chaque 1er décembre la journée mondiale du décompte de nos mortEs liéEs aux occasions manquées de prévenir, de dépister, de mettre sous traitement, et de garantir leur efficacité, armes déterminantes pour juguler les contaminations, nous devons agir et nous exigeons :

  • des moyens pour garantir l’accès effectif à tous les dispositifs de prévention, de dépistage, et de prise en charge globale ;
  • des moyens pour l’ensemble des acteurs de la lutte, et en particulier les associations, menacées par le tarissement idéologique des financements publics ;
  • des droits et les conditions nécessaires à leur exercice pour touTEs ;
  • une réelle prise en compte des besoins des populations des pays concernés ;
  • l’accès universel à tous les traitements disponibles.

De nombreuses associations s’associent  à l’événement et ont co-signé le texte d’appel. Au 28/11 :

Acceptess-T, Actions Traitements, Afrique Avenir, AIDES, Les Amis du Patchwork des Noms, ASMF, Bi’Cause, Centre LGBTI Paris Ile de France, Confédération Nationale du Logement, ENIPSE, Génépi, Inter-LGBT, Collectif Irrécupérables, le MAG Jeunes LGBT, Pari-T, Le Planning Familial, Qitoko, Sidaction, Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence-Couvent de Paname, SOS-Homophobie, STRASS, Trans Inter Action, Transgrrrls, Turbulences

Le cortège part à 17h de la place de la République. Destination : place Stalingrad. Vous aussi, joignez-vous aux marcheurs.